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Face à la multiplication des épizooties, des assises du sanitaire animal

Des ruptures de vaccins ont été constatées.

Les éleveurs et les différents acteurs de leurs filières se réunissent jeudi sous l'égide du ministère de l'agriculture pour des assises du sanitaire animal, une « première étape » pour mieux anticiper et répondre aux épizooties qui ont durement éprouvé les cheptels au cours de l'année passée. (Article mis à jour le 31/01/25 à 10h00)

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L'objectif est de signer d'ici la fin de l'année des « contrats sanitaires de filières » pour les ruminants, les volailles et les porcs, et de clarifier « les rôles de tous les acteurs, dont l'État », afin de renforcer la surveillance des élevages et la prévention (mesures de précaution de biosécurité et vaccination), selon le ministère.

Depuis l'été 2024, plus de 3 600 foyers de maladie hémorragique épizootique (MHE) ont été recensés parmi les élevages bovins et près de 10 000 foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 3 dans les élevages bovins, caprins et ovins, selon le dernier bilan du ministère.

Si la France a échappé cette saison à une flambée des foyers de grippe aviaire, sa diffusion dans d'autres pays et des cas de transmission à l'homme inquiètent fortement tandis que la menace de la peste porcine africaine pèse sur les éleveurs de cochons.

Face à la FCO - qui a entraîné la mort de nombreux animaux mais a aussi des répercussions immédiates sur la fertilité et le nombre de naissances, amputant les revenus des éleveurs -, l'Etat a débloqué un fonds d'indemnisation de 75 millions d'euros et financé une campagne de vaccination (13,7 millions de dose).

Pour montrer qu'une meilleure anticipation limite les coûts, le ministère prend l'exemple de l'indemnisation, à hauteur de près d'un milliard d'euros, des pertes causées par la grippe aviaire en 2021-2022, comparée aux 100 millions débloqués pour financer 85% de la campagne de vaccination à partir de 2023, qui a évité une flambée. Mais les éleveurs pointent le manque de disponibilité des vaccins.

« On aurait vacciné plus en 2023-2024 s'il y avait eu des vaccins disponibles et à des prix correspondant à la rentabilité de nos élevages », regrette Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO). Elle demande notamment une « répartition plus équitable » des coûts, ainsi que des « projets de recherche adaptés » aux filières.

Des ruptures de stock

Dans son diagnostic préalable aux assises, le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux fait état de « ruptures » de stock de vaccins et d'arbitrage « coût-bénéfice » dans les élevages, mais aussi d'une détérioration du maillage vétérinaire et de problèmes récurrents sur les chaînes de production des laboratoires. Le ministère pointe aussi la difficulté à mobiliser les petits éleveurs et les indépendants.

A la Fédération nationale bovine (FNB), on tire la sonnette d'alarme : des éleveurs attendent actuellement des vaccins et craignent pour les années à venir que les épizooties comme la FCO - maladie virale transmise par un moucheron et non transmissible à l'homme - n'accélèrent la diminution du cheptel français.

En amont des assises, la fédération dit percevoir du gouvernement « une ambition de faire faire des économies à l'Etat plutôt que de régler les problèmes des éleveurs ». 

Quinze ans après les Etats généraux du sanitaire, qui ont abouti à la création de la plateforme d'épidémiosurveillance santé animale, des tables rondes organisées jeudi après-midi doivent permettre de faire un état des lieux des risques et des propositions. Des groupes de travail se réuniront tout au long de l'année pour finaliser les contrats de filière, qui doivent être déployés en 2026.

Ce sera « une première étape », affirme Michèle Boudoin, qui demande une « répartition plus équitable » des coûts, ainsi que des « projets de recherche adaptés » aux filières.

Le ministère souligne aussi un accroissement des menaces dans le contexte du changement climatique et de l'intensification des échanges commerciaux, et donc la nécessité de travailler au niveau européen avec une approche englobant santé humaine, animale et environnementale.

Les éleveurs estiment, comme le gouvernement, qu'une réponse sanitaire au niveau européen est nécessaire, la fièvre catarrhale sévissant aussi aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. La détection de trois cas de fièvre aphteuse sur des buffles en Allemagne début janvier, une première dans l'Union Européenne depuis 2011 et dans le pays depuis 1988, a rappelé la nécessité d'une « vigilance constante ».

 

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